Le caban de Jacques

Ensemble, traverser les mers

Gentlemen, je vous souhaite le bon jour !

Aujourd’hui, j’aimerais vous raconter une histoire de caban. Le favori des marins bretons, mais pas seulement. Un manteau iconique, un grand classique du vestiaire masculin.

Je ne vais pas vous raconter son histoire à travers les âges, je vais vous raconter l’histoire d’un caban. Celui de Jaques, marin breton.

Caban classique à la bretonne, bleu nuit

L'histoire commence au port

Il était une fois, au cœur des vents salés de la Bretagne… je vous raconte mon histoire, moi, le vieux caban. J'ai connu plus de vagues que n'importe quel marin, plus de tempêtes que d'heures de repos. Je suis vieux déjà, et mon existence est tissée de souvenirs, doublée d'histoires. Il faut dire que pour Jacques, j’étais bien plus qu'un simple vêtement. J'étais son compagnon fidèle, lui le pêcheur de Perros-Guirec, au cœur aussi vaste que l'océan.

Mon histoire commence dans une petite boutique au bord du port. Il est vrai que c’est là que Jacques m'a choisi, parmi une multitude d'autres. Dès qu'il m'a enfilé, il a su que j'étais fait pour lui. Moi aussi. ll m'a traité avec tendresse et respect, me brossant et me réparant avec soin après chaque voyage.

Je vous le dis, Jacques et moi avons traversé bien des saisons, des brumes hivernales aux coup de Gwalarn du printemps. Comme moi, il se méfiait de ce vent traitre du nord-ouest qui peut galoper jusqu'à 100 kilomètres à l’heure, accompagné de ses pluies courtes mais ravageuses. Ensemble, nous avons affronté des tempêtes terribles. Toujours ensemble, nous avons partagé des rires sur le pont, contemplé les grands dauphins et la danse des étoiles.

Je suis devenu son confident silencieux, écoutant ses joies et ses peines tout en lui offrant chaleur et réconfort. Ensemble, nous avons vieilli, Son pas s’est fait moins vif, ma laine s’est élimée aux coudes.

La fin du voyage?

Un jour, alors que Jacques se tenait sur le rivage, regardant l'horizon avec ce qui m’a semblé être de la mélancolie, j'ai senti que notre voyage touchait à sa fin. En effet, je ne me trompais pas. Il avait décidé de raccrocher ses filets, de laisser derrière lui les longues journées en mer. C'était l'heure de profiter d'une retraite bien méritée.

J’ai deviné que mon temps avec mon fidèle ami touchait à sa fin, mais je ne ressentais ni regret, ni chagrin. Au contraire, je lui étais reconnaissant de m’avoir choisi pour partager sa vie et son métier plein de rudesse et de beauté.

On dit que les lendemains chantent

Alors que Jacques m'accrochait dans son armoire, prêt à passer le relais à un nouveau compagnon de voyage, une lueur amusée s’est mise à briller dans ses yeux délavés. Il m’a emporté sur les quais pour une dernière balade salée. Puis, il s'est dirigé vers ce lumineux dépôt vente, tenu par des compagnons d’Emmaüs. Il en était sûr, quelqu'un d'autre trouverait un jour ce manteau, ressentirait mon histoire dans mes coutures usées et se lancerait à son tour dans de nouvelles aventures.

Et en vérité, il avait raison. Je n’ai pas tardé à rencontrer Pauline, une jeune femme ébouriffée et rieuse, pleine de vie et d’effronterie. Un coup de foudre. Elle a tout de suite compris que je pouvais lui offrir chaleur et réconfort et l’accompagner pour de nouvelles histoires à écrire.

Sic itur ad astra, c'est ainsi qu'on s'élève vers les astres

mM